Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
Les 2 parachyiot Tazria-Metzorah que nous lirons demain décrivent -entre autre-une maladie nommée « Tsaraat. »
Le Talmud explique qu’il s’agit d’une maladie spirituelle qui survient lorsque quelqu’un pratique la médisance à l’encontre de son prochain.
Cette personne touchée par la tsaraat doit d’ailleurs passer une semaine en isolement,être exclue de la communauté .
Nos Maîtres expliquent que cette sanction relève du principe de « mesure pour mesure. »
L’auteur de la médisance divise les personnes,il peut provoquer la mise à l’écart de celui dont il parle : il doit donc faire l’expérience de l’isolement et de la séparation pour comprendre et se corriger.
La médisance a toujours entraîné l’exil et les souffrances : le serpent en médisant a provoqué l’exil du Jardin d’Eden.Yossef l’a fait également,ceci entraina l’exil en Egypte.Plus tard le temple a été détruit à cause du « lachon ara »,et j’en passe .
Le monde d’aujourd’hui traverse une période singulière : difficile de ne pas faire un lien entre cette maladie mystérieuse et ce que nous vivons actuellement : isolement,masques couvrant nos bouches etc ...
Nous baignons dans une société dominée par la médisance où cette notion est devenue une véritable culture : il suffit de consulter les médias pour le comprendre.
Malheureusement on peut s’en nourrir individuellement et oublier un principe cardinal du judaïsme,celui qui consiste à juger autrui toujours favorablement.
Nos deux parachyiot nous le rappelle.
Le Lachon Ara peut prendre des formes variées,en voici une avec une histoire authentique frappante,Suivez moi ....
Cette histoire providentielle et authentique sera rédigée à la première personne, ainsi j’espère que nous pourrons tous nous en imprégner intensément.
Ma maman est une fille de rescapés de la Shoah, ceux appartenant à la « deuxième génération ».
En d’autres termes ma maman a vécu les persécutions nazies au travers des silences lourds de sens, de ses parents, ou encore de certaines discussions où les mots ressemblaient plus à des cris qu’à autre chose.
Je ne sais pas si maman a connu une enfance heureuse puisque ses parents sont morts alors que j’avais 6 ans. Ce que je sais avec certitude c’est qu’elle n’était pas heureuse, malheureusement moi non plus.
Pourtant, elle ne m’a jamais frappé ni puni ou élevé sa voix. En revanche lorsqu’elle était en colère après moi son regard était froid et elle prononçait deux mots inlassablement : « Tu es une mauvaise fille ! ».
Oui, il m’arrivait de m’agiter quelque peu, de casser malgré moi, mais je n’étais qu’une petite fille.
Ma maman occultait cela, pour elle le plus souvent je n’étais qu’une « mauvaise fille ».
Les enfants, vous le savez, n’ont pas d’indicateurs ou baromètres, leur permettant d’évaluer les dommages dont ils peuvent être les « innocents instigateurs » et « victimes » à la fois. Leur monde est simple : noir ou blanc, joyeux ou triste, sucré ou amer, « gentille » ou « méchante »…
De ce fait, en me couchant, je m’endormais avec ce « titre » décerné par ma maman : « mauvaise fille ».
Du coup je n’étais pas sociable, et cette souffrance que je portais je ne pouvais la partager, même pas avec mes deux petites sœurs.
A l’adolescence j’avais deux bonnes amies, nous partagions nos secrets, excepté celui qui me pesait le plus : « mauvaise fille » était une blessure qui refusait de cicatriser…
Lorsque j’étais arrivée à l’âge de me marier, je doutais de ne pouvoir trouver un homme qui accepte d’épouser une « mauvaise fille » comme moi… Il est arrivé !
Je rêvais d’un homme qui puisse soigner ma blessure en découvrant mes qualités… J’ai été déçue.
Nous avons eu trois enfants merveilleux avant que je ne sombre dans la dépression qui conduisit à notre divorce. Compte tenu de mon état, les enfants furent confiés au père. La « mauvaise fille » était devenue la « mauvaise mère et femme ».
La relation que je continuais à entretenir avec ma mère était rare et fragile.
Lorsque j’ai pu me reprendre quelque peu, je me suis engagée dans une longue procédure judiciaire dans l’espoir de récupérer mes enfants… sans succès.
J’étais allée voir un Rav qui finit par dire que je devrais accepter ma vie telle qu’elle était.
Je me souviens qu’en sortant de chez lui je m’étais mise à parler avec D.ieu : « Maître du Monde où aller ? À qui m’adresser ? Qui pourrait me soutenir ? Sans même m’en rendre compte je m’étais rendue chez ma mère. Elle m’ouvrit la porte, étonnée de me voir.
- « Maman, j’ai besoin de toi ! » Je me suis mise à pleurer comme un enfant de longues minutes durant.
Nous nous installâmes dans ma chambre, sur mon lit où était disposé l’oreiller qui avait absorbé toutes les larmes de mon enfance.
Puis me suis-je mise à tout lui raconter de mes déboires, de mes peines, tous liés à la « mauvaise fille » que j’étais.
J’observais dans son regard, et pour la première fois de ma vie, de la bienveillance, et même de la tendresse.
Jamais avant cela nous n’avions discuté ensemble :
-« Maman, j’ai besoin de toi… » ai-je répété.
Ma maman me serra dans ses bras :
- « je te demande de me pardonner ma petite fille. Je n’avais pas conscience de t’avoir blessée. Je ne veux pas me trouver des excuses, mais j’ai grandi dans une maison où j’étais considérée comme celle qui dérangeait. Mes frustrations et mes peurs m’ont façonnée malgré moi… Pardon de t’avoir fait tant souffrir… »
Ma mère pleura.
Je suis rentrée chez moi. Dès-lors, D.ieu merci, j’ai pu rétablir le contact avec mes enfants qui me remplissent désormais de joie. Ma maman semble tout faire pour rattraper le temps…
Je travaille depuis peu… Je prie pour que tous les parents, les enseignants, mesurent la portée des mots qu’ils prononcent à l’adresse des enfants.
Nos Maîtres disent : « Vous les sages, soyez prudents lorsque nous vous exprimez », sans doute parce que nous ne pourrons jamais être sûrs du niveau de fragilité de notre interlocuteur.
Pour finir, je vous dirais deux choses :
- Je viens de me remarier et je me porte plutôt bien ;
- Avec tout cela, de temps à autre, dans mon sommeil, il m’arrive d’entendre encore une voix me dire :
« Tu es une mauvaise fille »…
A méditer…
Courage,Chabbat Chalom et de bonnes nouvelles bh .
GZ
 
Pour la santé de nos malades dont
A.M Rahamin ben Hanna
I.M Emounah bat Ruiza
OÙ NOUS TROUVER ?