Chers Amis et Chers Enfants Boker Tov,
Demain nous entamerons la lecture du 3e livre de la Thora,Vayikra .
Le premier verset renferme une double invitation du Tout-Puissant auprès de Moshé notre maitre.
D.ieu «appelle » Moshé avant de « s’adresser » à lui.
Nous retrouvons cette formulation seulement 3 fois dans les textes du Pentateuque.
Nous avons deux interprétations pour ce doublement : Rachi estime que d.ieu « appelle » Moshé affectueusement avant de lui transmettre son message.
Le Ramban lui considère que « l’appel » consiste à insister sur le caractère pressant de la recommandation divine.
Selon l’intonation que l’on adopte pour nous appeler on peut deviner s’il s’agit d’une approche amicale ou hostile,valorisante ou méprisante et ainsi de suite…
C’est une grande leçon d’éducation pour nous tous : on doit associer en réalité ces deux démarches.
S’adresser aux enfants affectueusement tout en les responsabilisant .
Être seulement affectueux,tout comme être uniquement oppressant peut s’avérer problématique.Non?
Voici l'histoire d'un éducateur pas comme les autres,cela vaut le détours,suivez moi...
« Bonjour, assieds-toi Nissim »…lança le directeur avec un sourire bienveillant.
Nissim avait le visage crispé, comme imperméable.
« Quel est le nom de ton père ? » s’aventura le directeur.
La réponse fusa :
« Je n’ai pas de père ».
L’expression du directeur laissa entendre qu’il n’était pas au courant de cet élément. Il se saisit de la fiche de renseignements du garçon, celle-ci indiquait pourtant le nom du père…
« Alors tu veux étudier dans notre école ? »
Silence …
Le directeur s’installe dans son fauteuil, tête en arrière scrutant le plafond.
De longues minutes passent Nissim, lui, commençait à s’impatienter, il céda le premier face à ce duel peu commun :
« Alors » dit-il …
Le directeur posa son regard profond sur lui avant de lâcher :
« Alors quoi ? J’attends ta réponse »
Et celle-ci ne tarda plus :
« On m’a obligé à venir ici. Ma mère m’explique que sans cela l’assistante sociale suspendrait l’indemnité à laquelle nous avons droit ».
« Alors, tu veux venir ici pour cette indemnité, pour ta maman…
Je suis dans le regret de t ‘annoncer que … nous t’acceptons ici et dès aujourd’hui ! »
Nissim quitta le bureau le visage toujours aussi tendu, il laissa place à l’un des éducateurs de l’école qui interrogea le directeur :
« Pourquoi le prendre ? Ce garçon vous posera problème ! »
«C’est une carapace qu’il affiche, mais j’aime les défis ».
« Mais alors à quoi servent ces entretiens, tous ces élèves qui viennent ici sont des défis… »
Le directeur conclut ce dialogue de sourds :
« On n’a pas le droit de ne pas …essayer »…
Premier cours auquel assiste Nissim : « Pensée juive ».
L’enseignant explique que le mot richesse en hébreu peut s’écrire et se lire de différentes façons:
- Osher/Resha Richesse / Mal…
- Osher/Mishala Richesse / Souhait
- Shefa, abondance Pesha’ / Crime…
L’idée générale consiste à expliquer que l’argent mal utilisé peut générer des problèmes … Et qu’il ne fait pas forcément le bonheur.
Dans un premier temps distrait, Nissim intervient de façon intempestive :
« N’importe quoi »… ! »
Première exclusion….
Nissim se retrouve dans le bureau du directeur, il refuse de se justifier…
Le directeur le met en garde :
« Tu veux qu’on recommence le jeu de ce matin ? »
Nissim menace de partir, de se sauver.
Le directeur se lève, ferme la porte à clé, la glisse dans sa poche.
Nissim est de plus en plus nerveux, il se saisit d’un verre qui se trouve sur le bureau et fait mine de le jeter… En le reposant, le verre tombe.
- « Que voulez-vous ? crie-t-il essoufflé.
- « Je veux savoir pourquoi… »
- « J’ai dit que l’enseignant a dit n’importe quoi… » !
- « Ce que je veux savoir c’est pourquoi tu as affirmé qu’il avait dit n’importe quoi… » ?
- « Je voulais lui signifier que contrairement à son enseignement, l’argent est la chose la plus importante dans la vie… » !
Le directeur observa quelques instants Nissim avant de poursuivre :
- « Je te propose quelque chose… Je vais te donner de l’argent, beaucoup d’argent, à la condition que tu ne retournes plus jamais chez ta maman ! »
- « Non ! »
- « Tu n’imagines pas la somme que je voudrais te remettre, attends d’entendre cela… »
- « Non, jamais ! »
- « Nissim, tu vois bien que l’argent n’est pas la chose la plus importante ici-bas, non ?! »
Nissim baisse le regard, et répond en marmonnant :
- « Oui ».
Le directeur ajoute :
« Plus tard, tu te marieras et tu auras des enfants, tu verras c’est bien plus important que l’argent, l’argent ne fait pas le bonheur, vois-tu ?
Dis-moi, ton enseignant avait-il raison ou pas ? Etait-il correct de réagir comme tu l’as fait ?! Non, bien sûr… »
Nissim sourit timidement et acquiesce.
Ce directeur est bizarre, non logique, et curieusement bienveillant, c’est son impression.
Le directeur se lève, ouvre la porte :
- « Tu peux te sauver ! »
- « Et la sanction ? » l’interroge Nissim.
- « Tu es pour le moment ta propre punition par ton comportement, mais cela va changer. »
- « Vous êtes ….bizarre ».
-« Nous sommes faits pour nous entendre car toi aussi tu es bizarre ».
Le surveillant général de l’école demande à voir le directeur pour lui faire part d’un étrange problème… Un monsieur se plaçait discrètement derrière la clôture de l’école pour observer les élèves durant la récréation.
« Il faut appeler la police » dit-il d’un ton inquiet.
Le directeur s’intéresse à l’âge de cette personne, il s’agirait d’un homme relativement âgé, modestement vêtu…
Le verdict du directeur tombe : « Je vais lui parler ».
Les protestations du surveillant général ne servirent à rien.
Et voilà que dès le lendemain, le directeur est aux abords de l’école en quête du mystérieux personnage.
Et il l’aborde, l’invitant à s’asseoir sur un banc public et surtout à lui fournir des explications.
Il semblait épuisé, sans doute par une vie difficile…
Il finit par avouer qu’il venait voir un garçon en particulier dans la cour de récréation : NISSIM !
-« Je suis son indigne de père… J’ai toujours connu des problèmes de tout ordre : de couple, professionnel et même parental jusqu’au jour où sa mère (mon épouse) me demanda de quitter la maison. Aujourd’hui je suis conscient du fait qu’elle ait eu raison. Je n’avais pas d’emploi fixe, je n’étais pas disponible pour notre enfant que nous avons attendu dix ans durant… Alors, je viens voler quelque images de mon fils qui ne me connait ni me reconnait… »
Notre directeur tout ému répond :
- « Et si je vous proposais de le voir de plus près ?
J’ai besoin de recruter sur un poste de logistique? »
L’homme est surpris mais accepte, s’ensuivent des pleurs, puis une phrase terrible : « Mon fils ne lira pas le kaddich pour moi ! »
Le directeur entreprend dès le lendemain d’aller rendre visite à la … maman de Nissim !
Celle-ci est inquiète, il la rassure :
- « C’est une visite qui consiste à faire un point sur l’évolution scolaire de Nissim qui trouve ses marques dans notre établissement ».
- « Heureusement car le mieux pour lui est de poursuivre dans votre internat plutôt que de rester à la maison avec une mère éplorée… »
Le directeur l’interroge avec douceur :
- « Mais pourquoi êtes-vous si malheureuse ? »
- « Nissim avait un père, je culpabilise de l’avoir opposé à son père. J’étais par trop exigeante, intolérante, insupportable, capricieuse… Lui a perdu son père et moi mon mari, je ne me le pardonnerai jamais…
Le directeur n’insiste plus et rentre à l’école.
Il convoque Nissim :
- «Nissim, je veux te proposer un petit travail rémunéré. Il s’agirait d’assister un monsieur que nous venons de recruter… Qu’en dis-tu ? »
Nissim accepte et le voilà, accompagné du directeur, face au monsieur en question qui bizarrement à ses yeux est particulièrement ému.
Durant un mois complet, ils apprennent à se connaître et à s’apprécier.
Nissim découvre un homme cultivé, sensible et fort bienveillant.
Le directeur, lui, assiste en spectateur à cette relation, il se résout à aller rendre visite de nouveau à la maman.
- « Je suis très content de Nissim, il étudie correctement, il est bien plus sociable… Mais je viens vous poser une question, sans détours, accepteriez-vous de revoir le père de Nissim ? »
La maman est comme tétanisée, d’une voix faible elle dit s’inquiéter de la réaction de Nissim.
Le directeur n’en démord pas :
-« Nissim c’est mon affaire, mais vous, qu’en dites-vous pour « (re)construire ».
La maman acquiesce.
Le directeur retourne à l’école et invite Nissim à son bureau :
-« Nissim, je pense que j’ai trouvé quelqu’un pour ta maman. Je sais à quel point tu l’aimes, tu veux la voir heureuse… »
Nissim, qui était arrivé le sourire aux lèvres, se referme sur lui-même… Le temps s’est arrêté, il lève le regard puis clame :
- « Je dis que je vous fais confiance, et qu’elle mérite d’être heureuse, je dis : Oui ! »
Le lendemain, dans le bureau de notre directeur sont convoqués séparément Nissim, puis sa mère, et enfin son père.
Quand ce dernier arrive, la maman pleure, Nissim est surpris…
Le directeur scrute Nissim avant de lancer :
- « Nissim, voilà mon idée… »
Nissim est gêné mais semble rassuré pour ce choix….
Sa maman pleure, dans un sanglot elle s’exclame :
- « Nissim, ton père était une bonne personne… J’aurais dû te le dire depuis longtemps… Ce monsieur devant toi est … ton père ! »
Je vous laisse imaginer la suite… heureuse !
Hasard ou Providence ?
On se le demande.
Courage,Chabbat Chalom et de bonnes nouvelles bh
GZ
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