On relate une histoire sur le Rebbe de Ribnitz, qui, dans sa vieillesse, avait glissé et était tombé. Ses Gabbaïm tentèrent de l’aider à se relever, mais il restait sur place, figé. « Le Rebbe va bien ? », s’enquirent-ils.

« Oui, répondit-il, je procède juste à une introspection pour tenter de comprendre pourquoi Hachem m’a fait tomber. »

Ses assistants tentèrent en vain de convaincre le Tsadik que les chutes sont fréquentes chez les personnes âgées. « Rien n’est dû au hasard », répondit-il, et il ne trouva pas de repos avant d’avoir consulté un autre Sage pour déterminer ce qui avait pu causer sa chute et comment il pouvait rectifier le problème. Cette manière de penser nous est peut-être étrangère, mais il n’en reste pas moins qu’elle est intrinsèque à notre foi. Nos Sages nous enseignent qu’on ne lève pas le petit doigt sans que ce soit orchestré d’en-haut, mais nous avons du mal à l’accepter. Nous préférons croire que c’est le hasard qui fait les choses. Il est plus facile de nous décharger de la responsabilité de cette manière et de continuer à agir comme bon nous semble. Lorsque nous sommes confrontés à des problèmes, et même à des tragédies, nous baissons les bras et rationalisons facilement : « C’est la vie », et avec ça, nous reprenons nos affaires comme d’habitude. La Torah dans la Paracha Bé’houkotaï (Vayikra 26, 27) nous avertit que ce qui empêche la Téchouva est l’acceptation du « Kéri - le hasard », à savoir que les choses se déroulent au hasard. Cette manière de voir les choses écarte aisément D.ieu de l’équation, la responsabilité personnelle est éliminée et l’homme est libre de poursuivre ses propres désirs. Le terme « Kéri » est relié sur le plan étymologique au terme Mikré : un événement dû au hasard. Mais dans le terme Mikré, on trouve les termes « Rak MéHachem - uniquement de D.ieu. » Lorsque les gens refusent de reconnaître cette dimension et déconsidèrent la portée des événements qui s’abattent sur eux, alors, lors de la prochaine série d’événements qui s’abattront sur eux, leurs tribulations seront encore plus intenses, car il y aura un plus grand Hester Panim - un voilement de D.ieu, et Il sera encore plus difficile de Le percevoir.

Pourquoi, vous demandez-vous peut-être, évoquer ceci maintenant ? En raison du tragique accident d’avion du 12 novembre, qui a tué tous les passagers et membres d’équipage ainsi que six personnes au sol à Bell Harbor, Queens. Dans les premiers instants qui ont suivi l’explosion, alors que l’avion était sur le point de s’écraser au sol comme une boule de flammes, nous étions paralysés par la peur de revivre un nouveau cauchemar du 11 septembre. Etait-ce un remake ? Le trafic aérien fut arrêté, les ponts et tunnels furent fermés et la panique s’installa… Le long bras de Ben Laden touchait-il à nouveau le cœur de l’Amérique pour y répandre la terreur ? Puis, on apprit des nouvelles encourageantes. Ce n’était pas du tout un attentat. C’était un accident ! Nous avons poussé un soupir de soulagement, nos craintes s’étaient dissipées. Nous pouvions continuer notre petite vie. Comme je l’ai mentionné plus tôt, le terme « hasard » n’existe pas dans notre vocabulaire. « Mikré » signifie « Rak MéHachem - C’est de D.ieu ». Aussi tragique que fût l’accident, il aurait pu être encore plus grave. L’idée n’est pas de minimiser l’horreur de cet accident, ou la douleur de ceux qui ont péri et la souffrance de leurs proches. Néanmoins, en pleine tragédie, nous avons également vu la compassion d’Hachem… Au pâté de maison d’à côté, se trouve une Yéchiva où des enfants étudiaient la Torah… La station-service du coin a été évitée de justesse... Il vaut mieux éviter de penser à ce qui se serait passé si… D.ieu nous envoie des coups de semonce, mais reste à savoir si nous les écoutons, nous réveillons et réagissons, ou bien nous éteignons le réveil et retournons dormir ? Tout dépend de nous et de notre Yirat Chamayim (crainte du Ciel).

Chabbath dernier, dans sa Dracha, Rav Yaakov Reisman chlita, de l’Agoudat Israël de Far Rockaway, a appelé chaque Juif à réfléchir aux événements qui se sont abattus sur nous et à réaliser que nous devons prendre des mesures concrètes en vue de faire Téchouva. Le Rav a souligné que le 9 août à Jérusalem, un attentat tragique avait démoli la pizzéria Sbarrro, tuant et mutilant hommes, femmes et enfants. Le 10 août, un hélicoptère s’est écrasé dans le Grand Canyon, fauchant la vie de plusieurs jeunes couples. Puis, avec le 11 septembre, des milliers de personnes ont été tuées, des milliers d’autres sont devenus orphelines et de profondes cicatrices ont marqué les âmes des Américains. Entre les deux, nous avons eu un répit : Souccot, Hocha’ana Rabba et Sim’hat Torah, mais ensuite, le 12 novembre, la tragédie nous a à nouveau frappés. Neuf, dix, onze et douze : il faut y réfléchir, a déclaré le Rav. L’organisme Hinéni appelle à un rassemblement sur la Téchouva. Lorsque nous avons d’abord choisi la date, mon principal souci était que ce rassemblement ait lieu pendant ‘Hanouka, car c’est la fête qui atteste de l’engagement de notre peuple envers la Téchouva. Nos ancêtres avaient appelé leur génération à abandonner le mode de vie syro-grec, à se rassembler autour de la Torah et des Mitsvot, et à allumer la flamme éternelle de la Ménora. Comme ‘Hanouka est au mois de décembre, même les membres les plus laïcs de notre peuple ont adopté cette fête, sans prendre conscience que l’observance de ‘Hanouka signale un engagement envers les enseignements divins et éternels proclamés au Sinaï. Et c’est exactement ce dont nous avons besoin aujourd’hui : rallumer cette flamme et cet engagement. Nous avons choisi la date du 26 Kislev, 26 étant la valeur numérique du Nom de Hachem. Puisse-t-Il ouvrir nos cœurs et nos esprits à l’appel de la Téchouva. 

Source:Rabbanite Esther JUNGREIS - © Torah-Box
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